Récit
d'un voyage en Inde, tissé de poèmes dans l'esprit du haïku.
quatrième voyage, deuxième livre - Daulachina, Himalaya
éditionss
Paupières de terre
commande
extraits
:
Tu
ricanes corneille
quand nous parlons
des grandes choses de la vie
Un aigle plane dans le ciel
sans trace
sans bruit
Le sommet est à
une demi-heure de marche du village de Dhaulachina*.
Un homme originaire du Bengale habite là-haut depuis 15 ans environ.
Trois petites maisons, un temple minuscule, une étable maintenant
en ruine lui permettent de vivre ici, à plus de 2000 mètres d’altitude.
L’hiver, il peut tomber un ou deux mètres de neige.
* Dhaulachina signifie clairière brillante
Assis sur le toit,
lui au soleil, moi à l’ombre, nous contemplons
la chaîne enneigée de l’Himalaya. Juste en face, à une cinquantaine
de kilomètres à vol d’oiseau, des sommets de plus de 7000 mètres d’altitude!
Au nord-est la
frontière chinoise, à l’est le Népal. Les crêtes des montagnes
font des bols débordant de ciel. Pas un bruit.
Petite grenouille
que j’entends le soir
pour la première fois je te vois
Sur les branches nues
les premières fleurs
roses comme la neige
Le corps d’un criquet
porté par des fourmis
je suis le cortège à pas lents
Les grands troncs
des pins de l’Himalaya sont nombreux à être entamés,
à coups de lames, à hauteur d’homme. Les habitants des villages utilisent
ce bois naturellement saturé d’essence pour allumer leurs feux.
Pendant un temps les pins survivent puis la sève ne peut plus monter
et l’arbre meurt.
L’ami qui habite
sur le sommet regarde ces arbres avec chagrin et colère.
Assise dans la
forêt
à ne rien faire
matin de printemps
Un tout jeune pin
dans le soleil du matin
plus libre qu’un bonsaï
Vu d’un côté
le rocher brille
de l’autre, il est mat
Petite aiguille de pin
je te vois
parce que tu danses
|